Absurd Minds - Serve or Suffer (StormingTheBase)
Le monde du rock indépendant étant sclérosé - d'une part par ces gros groupes pop et leurs célébrités (bien souvent vieillissantes ou bien totalement déconnectées de la vie quotidienne de leurs fans..) ou d'autre part, par ces autres plus noisy mais peu inventifs - il suffit de lire chaque semaine le NME qui répertorie les goûts en cuisine de ces membres du stardom sans parler de l'énième "black out" du talentueux Pete Doherty, le fait étant que le grunge étant hélas quelque part moribond, on conclura que il y en a un peu marre de ces albums géniaux qu'on nous présente si souvent comme incontournables, et qui ne sont au fond, finalement, que très peu légendaires, et tellement mainstream ou enfin ne contenant que de très pâles imitations des vraies idoles des 70's, et surtout basés people à l'arrivée (sans compter que d'autre part on pourra penser en général que les albums dits-traditionnels guitare/basse/batterie ne sont pas tous si valables, ou plus forts, ou plus innovateurs, ou plus mélodiques loin de là n'en déplaise à tous les guitar-heros du monde et leurs roadies etc...) [;)] C'est pourquoi pour changer il serait bon de consacrer de temps en temps une page à des genres peu connus, avec des groupes peu connus sinon plus sombres, et comprenant également des airs peu plébiscités par le grand public: En l'occurrence le ghetto goth, pourtant peu diffusé (qui possède ses propres mythes et lettres de noblesse, aficionados old-school, et teams variés ainsi que critiques de fanzines vendus), ne souffre le plus souvent aucune comparaison avec les éloges qu'il sort de par ses rares médias... Serve or Suffer, dernier album des allemands Absurd Minds en fait partie. Donc, une sorte de chef d'oeuvre ?
Oui et non, mais si on oublie les titres du début de la playlist (The King - Human Bomb) le tout est incontestablement équivoque, ou ambigu, pour qui sait écouter. Peut-être pas une réussite merveilleuse à double-face méritant un respect délirant avec de terribles pactes faustiens, ou alors un ensemble diabolique, mais un LP qui contient quelques titres à la frontière de l'EBM et de la dark pop qui resteront sûrement. Et le coté plaintif, gothique (rappelant les premiers Project Pitchfork) pourra irriter à la longue en dépit, il faut bien l'admettre, d'un ton presque néo-punk pour certains titres. Cependant certains morceaux en forme de talk-up percent le simple track classique electro et débarquent en tant que hit éventuel, comme Interconnectedness ou, bien entendu, le puissant Somebody. Il est clair que les Absurd Minds savent se servir de leurs machines... Pas obligé donc d'être aussi catégorique que le site SoftSynth, mais reconnaissons que le sens caché de l'EBM, même samplé et bidouillé, peut parfois brouiller les visions - sans oublier que ce groupe a auparavant sorti des hits dignes des plus grands charts !
*P.S: et personnellement j'avoue que je ne fuirais aucunement comme un pestiféré devant les joyaux Deficit Mindset et I Enter You.