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Littérature - Page 13

  • La Bête Qui Meurt - Philip Roth [Un vrai bon roman]

    C'est le roman d'un envoûtement dans une Amérique bien loin des joyeuses bacchanales des années 60, chères au "Professeur de désir"...


     

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    Fidèle à lui-même, l'auteur nous conte une histoire à propos d'amour, de quotidien, de rêve, mais aussi de vie: fort de son expérience, Roth nous parle aussi d'une autre époque mais aussi de sa jeunesse, moins puritaine, moins hypocrite sans doute, mais qui a certainement vu éclore pas mal de libérations... Pétillant, malicieux, moqueur parfois, ironique, on sourit en lisant certains passages car il s'agit après tout d'un vieux sortant avec une toute jeunette. Il n'y a pas dans La Bête Qui meurt, outre David Kepesh, ce prof renommé, la très maline Consuela, les scènes consacrées au piano (ou alors le drame tragique final), cette usuelle nécessité d'éviter les vrais sentiments, ou sujets scabreux, ou surtout de naviguer dans cet angélisme made in USA qu'on connaît tous et tout droit issu de Disneyland: Ce livre n'est donc pas juste le récit d'un séducteur new-yorkais, d'un homme très amoureux, ou de quelqu'un de romantique, mais, en dépit des excès ou des longs chapitres consacrés au sexe et à ces passions diverses et variées, il y a là quelque chose de vraiment plaisant; car il s'agit selon toute évidence d'une nouvelle d'un écrivain gigantesque longtemps snobé par les élites qui faille enfin à son destin, et qui pourra également faire rougir beaucoup des plus affranchis d'entre nous. Parfois glamour, parfois osé sans doute, mais surtout talentueux ! Enfin il faudra bien avouer que des personnages tels que Janie Wyatt apportent la touche pittoresque et véridique, qui font par ailleurs bien souvent défaut dans le spectre des nombreuses nouvelles oeuvres éditées chaque année.

    [extraits]

    "La quête du mâle aventureux, les avances du mâle, ça n’était pas pour elles un délit à dénoncer et sanctionner, mais un signal sexuel auquel il était loisible de répondre. (…) Porter plainte ? Elles n’avaient pas grandi dans ce système idéologique. (…) elles savaient s’abandonner au plaisir sans peur (…) c’était une génération qui ne se fiait qu’à son *** pour juger de la nature de l’expérience et des délices du monde ».


    "Son astuce est d'avoir compris dés son arrivée le bon usage de la banlieue. Petite fille, elle ne s'était jamais sentie libre, en ville, elle n'avait jamais eue la bride sur le cou comme les garçons. Mais, à Manhasset, elle trouvait son horizon de pionnière. Il y avait bien des voisins, mais moins proches qu'en ville. Quand elle rentrait du lycée, les rues étaient désertes. On aurait dit une ville fantôme dans un western. Pas un chat. Tout le monde au boulot."

  • Un homme - Philip Roth [Miettes d'un vieux juif...]

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     [**]

    [...]"Et, comme un homme ordinaire, fort de son bon droit à se faire pardonner les privations qu'il infligerait à ses enfants innocents en refusant de vivre la moitié du temps comme un malade mental."

     De bonnes amorces joyeuses et aggressives, du pur Roth dans le texte, en fait les vérités et délires d'un directeur artistique de chez Procter & Gamble ou plutôt geignements en tout genre - car il faut noter que le narrateur passe son temps à énumérer nombre de ses déboires à l'hôpital ou à se plaindre de l'inhumanité contagieuse des infirmières, ou encore à nous conter ensuite la tristessse etr la pauvreté de l'âme de ses fils qui le méprisent, sans parler de celle, infinie, des membres de sa famille aujourd'hui disparus ! Or, il faut bien dire qu'il n'y a pas là présente la verve piquante ou bien dérangeante, ou bref l'aventure, ni le danger des mémoires d'un Casanova ou d'un autre Rousseau, car le personnage principal décrit essentiellement sa vie dans un autre monde (celui de l'élite de NYC et Manhattan) avec toutes les joies et privilèges que cela comporte: 

     Par exemple l'"antilope" faite pour lui des pieds à la tête et dont il tombe amoureux, ou chante les bienfaits quand elle traverse les zebras crossings de la 5ème avenue, nous enchante certes pour son petit trou (de la serrure ?) et ces ivresses de salle de bain mais cela est légèrement insuffisant pour totalement justifier une telle oeuvre littéraire. Et puis on entraperçoit que Phoebe; sa maîtresse, les "jeunes filles" qu'il rencontre, ne sont pas dûes à des prouesses exeptionnelles de sa part ou à une forme exceptionnelle de cheval mais sont surtout le fruit de son argent et de ses relations -comme il le stipule d'ailleurs lui-même d'emblée. De plus être surpris du départ de sa femme Cécilia, et y consacrer dés lors tant de chapitres est assez paradoxal... On trouve donc byzarrement, dans "Un homme", le grand enfant gâté-pourri et new-yorkais de "Portnoy et son complexe" avec ses réflexions justes et acerbes, possédant tous les vices, toutes les déviances, sans toutefois celles qui comptent, urbain mais un peu glauque, parfois rebelle mais surtout bourgeois au destin très tracé, et comme il s'agit de la frénésie sexuelle et des vantardises machistes et crus d'un vrai prédateur, et non des aventures en roue libre de quelque séducteur, de fait, malgré la critique de la société sous-jacente, le lecteur ne peut que sourire à certains passages sans éprouver de réelle empathie pour lui, ou même  tomber sous le charme d'un livre qu'il sait un peu vain et inique à la base. Les vieux cons plaisent en général, et sans trop se forcer, on sait. Mais et ensuite ?  Plutôt comique pour quelqu'un qui prétend que le monde est "un enfer de débilité" [in Les Inrockuptibles du 20/10/2011], et avouons que le tout est en fait très imprégné de pathos. "Un homme" mène au Jourdain.

     

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    [Résumé de l'éditeur]

     

    Un homme. Un homme parmi d'autres. Le destin du personnage de Philip Roth est retracé depuis sa première et terrible confrontation avec la mort sur les plages idylliques de son enfance jusque dans son vieil âge, quand le déchire la vision de la déchéance de ses contemporains et que ses propres maux physiques l'accablent. Entre-temps, publicitaire à succès dans une agence à New York, il aura connu épreuves familiales et satisfactions professionnelles. D'un premier mariage, il a eu deux fils qui le méprisent et, d'un second, une fille qui l'adore. Il est le frère bien-aimé d'un homme sympathique dont la santé vigoureuse lui inspire amertume et envie, et l'ex-mari de trois femmes, très différentes, qu'il a entraînées dans des mariages chaotiques. En fin de compte, c'est un homme qui est devenu ce qu'il ne voulait pas être. Ce roman puissant - le vingt-septième de Roth - prend pour territoire le corps humain. Il a pour sujet l'expérience qui nous est commune et nous terrifie tous.

     

     

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     [Roth sur Central Park.]

  • Blanche-Neige; en fait un conte effrayant pour adultes ?

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    Blanche Neige, une belle jeune fille, vit avec les 7 nains dans la forêt.

    Ceux-ci partent chaque matin travailler à la mine. Blanche Neige est 

    detestée par la reine qui veut être la plus belle. Celle-ci se déguise en

    vieille sorcière et fait croquer à Blanche Neige une pomme empoisonnée. 

                    La jeune fille meurt et seul le baiser d'un prince pourra la 

    ressusciter...

     

           J'ai eu peur, pensais-je soudain; et quittant la salle de cinéma à l'escalier aux marches de velours rouge alors que, plutôt jeune enfant; je venais de quitter la projection du Blanche-Neige de Walt Disney. Comment des adultes peuvent infliger une telle terreur organisée à des rejetons qui ne leur ont pas fait grand chose, ou si peu ? Et si j'étais tout à fait fasciné par la sorcière et sa volonté indéfectible de se mirer en un miroir correct, je me souviens d'avoir éprouvé une terreur particulière pour cette sorcière venue d'on ne sait ou, souhaitant plus que tout faire avaler à Blanche cette pomme. "Allez-y, voyons, allez-y" Reconnaissant sans doute sous cette amabilité voilée la haine et le mal par excellence, ne pensant que héler Blanche et lui dire "ATTENTION, NE MANGE PAS CETTE POMME" !  Bref, les scénaristes et conteurs feraient mieux parfois de se tourner les pouces, et on peut y voir toute la symbolique du monde, on ne constate surtout qu'un folle haine récurrente et sans justification aucune. En effet, tout comme sa copine Cendrillon pourquoi ne veut-on pas de Blanche-Neige ? Parcequ'elle est stupide, un peu simple, vicieuse ? Mais non: Parceque elle simplement beaucoup plus belle que la Reine et que Grosse Fille dans sa tuture avec son regard de merlan frit, avec en plus un teint nettement plus frais il faut bien reconnaître !

    La question symbolique de la pomme, tout le monde la connait; de toute façon on la mange ou non et l'on ne peut pas deviner qu'elle contient du poison (ou de la belladonne) et je ne sais pas vous, mais pour ma part j'ai été très content que cette sorcière - à l'attitude plus qu'ambigue... -, ce redoutable laideron haineux au corps sec et à la bouche puante, cette hystéro agitée du bocal dés l'aube; se fasse littéralement éclater à la fin.

    Pour une fois on est vraiment contents que les méchants perdent et que le laid échoue ! Merci les nains.




    Quelques études et commentaires...


    Conte œdipien[modifier]

    Le conte a été étudié par plusieurs psychanalystes, notamment Bruno Bettelheim4 et Louise von Franz.

    Pour Bruno Bettelheim, le conte commence par une situation œdipienne mettant en conflit la mère et la fille. La marâtre est restée à un stade narcissique qui la rend vulnérable et que le conte invite donc le jeune lecteur ou auditeur à dépasser4. La jalousie de la belle-mère est à la fois la peinture du comportement de certains parents qui se sentent menacés au moment de l'adolescence de leurs enfants, mais également une projection sur une figure haïe des propres sentiments de jalousie de l'enfant4. Blanche-Neige se retrouve chassée du château, errant dans la forêt, lieu de terreur et de confusion comme le début de la puberté. Recueillie par les sept nains, personnages à la fois masculins mais peu menaçants sexuellement, elle peut se développer dans un milieu sûr, mais non sans être exposée à la tentation narcissique (les colifichets offerts par la méchante reine). Cette période peut être vue comme un moment d'initiation, où l'adolescent doit se mesurer aux dangers de l'existence. La dernière tentation, celle de la pomme, représente pour Bruno Bettelheim le moment où l'adolescent accepte d'entrer dans une sexualité adulte4, c’est-à-dire le moment où il devient pubère. Suit une période de latence (le coma) qui lui permet d'attendre en toute sécurité que sa maturité psychique jointe à sa nouvelle maturité physique lui donnent enfin accès à une sexualité adulte.

    Un conte anti-féministe ?

     

    Le conte des frères Grimm est classé par les féministes parmi les récits édifiants qui préparent la petite fille à son rôle futur de bonne ménagère et d'épouse passive, qui attend la venue d'un prince sans rien faire pour prendre les choses en main. Économiquement dépendante des hommes (son père, puis les nains), elle ne peut survivre que comme pupille de son père, puis en travaillant comme bonne à tout faire :

    Les nains lui proposèrent de rester avec eux. « Tu t'occuperas de la maison, tu feras la cuisine, et tu raccommoderas notre linge… » Blanche-Neige remercia et accepta, toute heureuse.

    Lorsque sa marâtre déguisée en vieille femme vient la tenter avec des colifichets, Blanche-Neige succombe par trois fois. Elle tombe alors dans un coma qui évoque le coma intellectuel dans lequel sont maintenues les jeunes filles interdites d'études supérieures en attendant le mariage.

    L'attitude du prince peut largement être interprétée dans ce sens. Sauf à voir en lui une simple nécrophilie latente, on constate qu'il tombe amoureux, non d'une femme, mais d'un objet inanimé, qui le comblera par sa beauté, sur laquelle il peut exercer sa domination (il se l'approprie sans évidemment son autorisation) et ce sans avoir à soumettre à l'examen une virilité probablement encore mal assurée.

                                                                           

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    Interprétations d'éléments[modifier]

    Le Miroir magique révèle l'ombre de la psychologie jungienne, la part « maléfique » mais vraie de la reine mais aussi à Blanche-Neige qu'elle est porteuse « potentiellement » de cette cruauté. Bruno Bettelheim écrit à ce propos 5 :

    « Tout conte de fées est un miroir magique qui reflète certains aspects de notre univers intérieur et des démarches qu'exige notre passage de l'immaturité à la maturité. Pour ceux qui se plongent dans ce que le conte de fées a à communiquer, il devient un lac paisible qui semble d'abord refléter notre image ; mais derrière cette image, nous découvrons bientôt le tumulte intérieur de notre esprit, sa profondeur et la manière de nous mettre en paix avec lui et le monde extérieur, ce qui nous récompense de nos efforts. »

    « Les mythes mettent en scène des personnalités idéales qui agissent selon les exigences du surmoi, tandis que les contes de fées dépeignent une intégration du moi qui permet une satisfaction convenable des désirs du ça. »

                                                                            

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