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Mon Esprit Critique - Page 27

  • Et tous mes amis seront des inconnus - Larry McMurtry/ma critique

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      "Je suis inaccessible. C'est pour ça que je ne couche jamais avec personne."

     

    Rien à dire sur ce classique de la littérature ; que beaucoup devraient lire. (Enfin, si seulement les gens lisaient encore les bons livres, et en allant jusqu'au bout.) D'abord, l'épopée de Danny commence par sa liaison avec Sally, cette psychotique débile qui refusera à son mari ce qu'elle se permet elle-même à haut-débit. Il faut savoir que cette supernova fait toute l'énergie du roman et constitue même sa matière noire intrinsèque.

    Par contre si « Et tous mes amis seront des inconnus » commence comme une célèbre chanson country, son récit n'appuie jamais sur ce qui est officiel, révélé, et accepté par un peu tout le monde : au contraire le narrateur nous entraîne sans arrêt sur des autres voies beaucoup moins aisées et faciles. Cela produisant sans doute le fait que beaucoup des lecteurs de ce chef d'oeuvre ne vont pas jusqu'à la dernière page...

    Le coté nostalgique de Danny Deck est également pensé et prouvé, tout le long de la lecture on est à priori d'accord avec lui du fait qu'il a tout simplement raison et qu'il ne perce que l'imposture. Pas d'énigmes cachées dans les feuilles d'automne, donc. De telle sorte qu'il n'y a aucune mélancolie non-justifiée dans « Et tous mes amis... » et sa déprime récurrente n'est pas le conte du serpent qui se mord la queue en nourrissant sa propre névrose, c'est juste dû à des choses bien concrètes telles que, par exemple, la sobriété du héros avec son immense simplicité.

    Après tout, Danny se remet en question à perdre haleine et même lorsqu'il débarque à la splendide San Francisco, et même quand il joue au ping-pong avec Wu. Ce qui ne le sert pas du tout puisqu'il se fait quand même virer par un peu tout le monde, voire constamment agresser. Peut-être est-ce justement la raison pour laquelle ce roman pourra être relié par certains à énormément de films de cinéma, dont « Le Déclin de l'Empire Américain » avec aussi « La Dernière Séance  « . (Et forcément puisque il s'agit du même auteur.)

    Nous vivons dans un monde juste un peu idiot et envahi par une superficialité contagieuse, sinon obligatoire. C'est ce que Danny Deck conclut dans le désert en voiture, et inutile de dire qu'il est dans le vrai.

    larry mcmurtry houston san francisco

                                                         Larry McMurtry


    Enfin, les multiples rencontres de Danny ne font que prouver ses doutes pourtant infimes, à commencer par la terrible frivolité de Jill ; la préférée de Danny qui pourtant ne carbure qu'au narcissisme éhonté. De même, Jill travaille à Hollywood et comme Danny le fait remarquer, celle-ci représente l'ordre établi ; donc la morale et le dasein. Ce qui ne l'empêche pas d'ailleurs de succomber comme la plupart des petits bourgeois occidentaux au BAC du samedi soir (Baise – Alcool – Came) pour se sentir cool.
    Même la sympathique Emma n'est que le pendant négatif de Jill !

    Reste d'autres figures et de nombreuses caricatures très amusantes qu'on découvre agréablement au fil des chapitres et que je ne dévoilerai pas pour ne pas étouffer ce récit qui trace sa route extrêmement bien tout seul, et encore aujourd'hui.

    larry mcmurtry houston san francisco


    Inutile d'ajouter que « Et tous mes amis seront des inconnus » est également un ouvrage infiniment subversif voire érotique, beaucoup plus que d'être un quelconque requiem du western comme j'ai entendu dire aux Inrocks. C'est même ce qui fait sa force.

     

  • "Pimp", ou la vie d'un original sur le fil

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    Ce livre empli jusqu'à la gueule d'un parfait racisme anti-blancs (et aussi d'un énorme mépris de la femme) enseigne la loi de la rue et comment être mac: toutefois Iceberg Slim opère une vague repentance au dernier chapitre, tout en faisant observer que la plupart du temps son trafic et ses méthodes n'ont jamais choqué grand-monde vu que certaines filles du trottoir dépendaient totalement de la drogue qu'il fournissait, et surtout du fait que certains fonctionnaires étaient trempés dans ses affaires...

    Malgré tout, vu sa franchise je ne dirais pas du tout qu'Iceberg Slim est un parfait rien mais il est tout de même étonnant qu'aujourd'hui encore d'aucuns de ces nombreux intellectuels et rappers citent son oeuvre en exemple ("Pimp" ayant d'ailleurs été édité à plus de 6 millions d'exemplaires) ! Bref, l'ensemble prête parfois à rire et comme - contrairement à ce que d'autres mauvais esprits ont prétendu avant moi- son style infiniment littéraire tient la route, la lecture de cette biographie de tout un monde pourra être irréprochable à l'esprit, ce pourquoi, de plus, une ou deux critiques du livre "Pimp" aperçues ça et là sont très incorrectes sinon inexactes: Iceberg Slim n'a rien de drôle, et n'a rien à voir non plus avec des demeurés people voire "bling-bling".

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    On relèvera également au fil des épisodes de "Pimp" les piques à la Dickens et de même celles-là aiguisées contre ces Oncles Tom serviles et obéissants qui ne voient rien d'aberrant dans cette société dégénérée sur les bords qui est, après tout, la nôtre.

    A souligner aussi la valeur de "Pimp" pour son slang pur jus et imagé; donc des gros mots concernant nombre de ces "morues", "caves", "michetons", "pigeons", et divers "rats" et autres "ronds-de-cuir", que Slim a croisé durant son existence. Bref, il est parfois cruel mais il sonne vrai. Raison pour laquelle la version en V.O reste hautement préférable !


                                            

  • Fight Club 2/ma critique d'une excellente BD

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    "Votre cancer lui fait oublier sa petite vie minable !"  

     

     

     Je n'ai jamais été tellement fan de Fight Club le film, et sa philosophie rose bonbon à destination de petit cadre frustré qui doit gérer ses conflits avec Mr le Directeur me passait très loin là-haut dans le firmament. Bim ! Boom ! Bam ! De plus, pour ma part je ne possède pas d'Apple Mac ni d'automobile de marque Mini Austin ni de litho de Keith Haring dans ma garçonnière (comprenne qui pourra...) 

    Cependant j'avais ensuite lu le livre de Palahniuk et je l'avais trouvé beaucoup plus subversif que le long-métrage.Beaucoup plus percutant et sans aucun mal !

    fight club chuck palahniuk cameron stewart

    Avec Fight Club 2 c'est encore plus délirant et l'on a l'impression de voir dedans ce qui manquait justement au film. Sebastian et ses ardeurs sont désormais passés sous silence par des cachets comme il se doit et il se demande donc où va sa vie de banlieusard pré-guidé... jusqu'à prendre connaissance du fameux projet CHAOS et aussi de l'existence persistante de ce fameux Tyler Durden. (Bon, je ne raconte pas la suite pour ne pas spolier l'intrigue comme un gros beauf cuistre.) Et oui, il existe vraiment et ça fait mal.

    Fight Club 2 est une remarquable BD (oh pardon, on dit roman graphique maintenant c'est vrai) qui va au-delà de tout ce que vous connaissez déja, et, d'autre part, le trait de crayon nerveux voire presque brouillon de Cameron Stewart fait tout à fait merveille. On dirait la vie contée d'un superhéros sur le mode naturaliste. Bref, rarement on a eu droit à un ouvrage comme celui-ci où l'on parle non seulement de la réalité mais aussi comment la contrôler; sinon y échapper.

    fight club chuck palahniuk cameron stewart

    Et aussi, à l'intérieur il n'y a pas de Prad Bitt ni de Shiassa Twain. Qui dit mieux, donc ?

     

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                                                Moi aussi j'aime la boxe, la vraie. Règle 1 : ...